« Stai prendendo un treno per Torino? »

30 ans après la création du Comité pour la Transalpine en 1991, où en est-on de ce beau projet qui aiderait à « rapprocher 250 millions d’Européens » en reliant la principale ligne ferroviaire italienne avec le réseau TGV français et par extension celui de l’Espagne et du Portugal ? Aujourd’hui on parle du « Lyon-Turin »

Un enjeu prioritaire qui prend son temps

Cette liaison avait été déclarée prioritaire, dès le Sommet des Chefs d’Etat à Essen en 1994 ! Elle a été ensuite confirmée dans la proposition de Réseau Central de Transports de la Commission européenne en octobre 2011. « C’est le maillon central indispensable du seul corridor ferroviaire massifié est-ouest de l’Europe méridionale. » A l’origine,  c’est une «  grande  infrastructure de  connectivité ferroviaire au service de la croissance économique et de l’intégration européenne. » La liaison Lyon-Turin s’inscrit pleinement dans les objectifs du traité de Maastricht signé en 1992 qui dote l’UE des moyens d’une véritable politique commune des transports.

Le chainon manquant idéal pour notre région Auvergne-Rhône-Alpes

En  effet, l’Italie est le seul pays voisin de la France avec lequel  il  n’existe  pas  de  liaison  ferroviaire  moderne. Alors  que  les  macro-régions européennes sont désormais joignables en des temps records, les temps de trajet entre Lyon et Turin/Milan n’ont quasiment pas évolué depuis 50 ans.

Il devrait mettre en réseau 5000 km de lignes existantes, en reliant l’Espagne à la Hongrie, via la France du sud et l’Italie du nord, et faire transiter les flux en provenance du nord comme du sud de la France vers l’Italie (deuxième partenaire économique), à la mesure des dynamiques économiques et culturelles du sud de l’Europe. Au total, cette liaison concerne 18 % de la population européenne, 17 % de son PIB, et représente 200 Md € d’échanges commerciaux. Imaginez Milan à moins de 4 heures de Paris, Barcelone à moins de 5 heures de Turin…

C’est par tranche d’une décennie

Il a fallu attendre une décennie pour que le 29 janvier 2001, les gouvernements français et italien prennent enfin la décision de réaliser la liaison ferroviaire fret et voyageurs, à haute capacité, entre Lyon et Turin. Et encore une autre décennie pour voir l’avenant signé à Rome le 30 janvier 2012 qui précise les conditions de réalisation et d’exploitation de cette ligne ferroviaire.

Et en 2021 ?

Clé de voûte de la liaison, le tunnel franco-italien de 57,5 km sous les Alpes est aujourd’hui un chantier bien engagé ,avec le soutien financier massif de l’UE. Sa livraison est programmée à l’horizon 2030, soit avec un retard de 15 ans par rapport au calendrier initial. Par ailleurs, le calendrier de réalisation des 200 km de voies d’accès nationales à l’ouvrage transfrontalier est toujours incertain,  en  particulier  côté  français. Or ces  connexions  sont  essentielles pour contribuer à l’achèvement du réseau central du RTE-T prévu en 2030.

L’Union Européenne va financer 50% du Lyon-Turin

Mais cette disposition « entrera en vigueur après le vote formel du Parlement de Strasbourg dans le courant de l’été. » Ces dispositions concernent aussi le cofinancement des indispensables voies d’accès à l’ouvrage transfrontalier dont la programmation est toujours incertaine côté français.

Pour réduire l’impact carbone des liaisons aériennes et routières

En effet, si le tunnel de 57 km sous les Alpes est la pierre angulaire de la liaison, l’UE rappelle régulièrement que c’est bien l’ensemble des 270 km de liaison entre Lyon et Turin qui est stratégique pour connecter les réseaux européens et atteindre les objectifs ambitieux de report sur le rail européen des trafics de marchandises et de voyageurs.

Et demain ? le bout du tunnel ?

Après les paroles des politiques qui ont mis 25 ans pour se décider :

En mai 2008 « Le Lyon-Turin n’est plus un projet au sens strict mais un véritable chantier en cours de réalisation. » Jean-Louis Borloo

Et 7 ans plus tard… en février 2015 « « Le lancement des travaux de la liaison ferroviaire Lyon-Turin sera effectif à partir de 2016 ; nous pouvons maintenant dire que le Lyon-Turin est non seulement acté mais lancé, il n’y a plus aujourd’hui aucun frein, aucun obstacle pour aller vers la réalisation de cet ouvrage. » François Hollande

La réalité du terrain : Le chantier du Lyon-Turin est bel et bien en marche avec les travaux des descenderies et des galeries de La Maddalena et de Saint-Martin La Porte, il n’attend plus que le feu vert de confirmation parlementaire des deux Etats pour passer en vitesse de croisière !

2030 c’est dans 9 ans… affaire à suivre

« Il ne manque plus qu’une hypothétique liaison vers la Roumanie pour joindre l’ensemble des Latins d’Europe » Dixit mon voisin…

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