Michelin se défend !

Lorsque nos entreprises sont attaquées, le Courrier des Entreprises offre une tribune à la défense. Michelin a souhaité rétablir les faits sur les aides publiques et la réalité de son engagement en France, après les accusations de l’émission Complément d’Enquête intitulée « Multinationales, les (vraies) assistées de la République ? », diffusée hier 18 septembre.

Le groupe Michelin a été mis en cause, accusé d’avoir sciemment délocalisé la production de Cholet et Vannes à l’étranger, de procéder à des licenciements malgré les excellents résultats du Groupe, et enfin d’un manque de transparence concernant les aides publiques perçues en France. Voici la réponse du groupe Michelin.

« Plus largement, les partis pris du reportage ne reflètent pas la réalité de l’engagement de Michelin en France. Michelin a investi 2,6 milliards d’euros dans le pays sur les dix dernières années, dont 1,5 milliard pour moderniser l’outil industriel.

Cholet et Vannes : aucune stratégie de délocalisation

L’affirmation selon laquelle Michelin aurait délibérément délocalisé sa production de Cholet et Vannes vers la Pologne ou l’Italie est fausse.

Les décisions de projet de fermeture des sites de Cholet et Vannes en 2024 répondent bien à un motif économique*[1]. Elles étaient devenues inéluctables, en raison de deux facteurs structurels :

  • Une chute très importante et continue des marchés du poids lourd et de la camionnette, notamment due à la forte concurrence asiatique.
  • Une baisse très significative de la compétitivité industrielle depuis plusieurs années de l’Europe et particulièrement de la France.

L’engagement des équipes et les efforts du Groupe n’ont pas suffi à préserver la viabilité de ces deux sites. Cette décision n’est intervenue qu’en tout dernier recours, une fois que toutes les solutions et scénarios alternatifs ont été analysés et évalués. Depuis l’annonce, Michelin accompagne individuellement les 1254 salariés concernés par le plan social afin de leur proposer une solution pérenne et personnalisée. Le Groupe s’est aussi engagé à recréer sur ces territoires au moins autant d’emplois stables que ceux supprimés.

Il n’y a eu aucune création de nouveaux sites de production à l’étranger pour remplacer ces usines. Seule la production résiduelle et de faible volume de ces sites a été répartie sur trois usines existantes : en France à Golbey, en Italie à Cuneo et en Pologne à Olsztyn.

Après les fermetures de Vannes et Cholet, le Groupe rappelle que la France restera toujours le pays qui compte le plus d’usines Michelin en activité en Europe.

 Conclusion : Parler de délocalisation est une simplification totalement abusive. Michelin adapte ses capacités industrielles à la réalité des marchés.

La réalité du bénéfice net mondial de Michelin est qu’il absorbe le déficit des activités industrielles françaises

Oui, Michelin a réalisé 1,9 milliard d’euros de bénéfices net en 2024. Ce chiffre ne reflète toutefois pas la performance de Michelin en France mais celle de l’ensemble des activités mondiales du Groupe, dans plus de 170 pays.

En France, les activités industrielles du Groupe sont déficitaires, comme l’a clairement expliqué Pierre-Louis Dubourdeau, directeur industriel de Michelin, lors de son interview pour l’émission.

Il est donc injuste et inexact de relier directement les bénéfices globaux à la situation industrielle française, qui reste fortement sous pression.

Le même raisonnement est transposable pour les dividendes que le Groupe verse à ses actionnaires. En 2024, le Groupe a distribué 964 millions d’euros de dividendes et non 1,4 milliard comme mentionné dans le reportage. 

Les dividendes sont assis sur la performance mondiale de Michelin et pas seulement sur celle qui est réalisée en France. Cette rétribution ne représente qu’une minorité (11%) de la valeur ajoutée dégagée par le Groupe chaque année, après celle distribuée aux salariés (64%) et après les investissements (16%).

Conclusion : Les bénéfices mondiaux du Groupe et les dividendes versés ne sauraient valablement être mis sur le même plan que les réalités industrielles locales, notamment les difficultés industrielles de Michelin en France et ses problèmes structurels de compétitivité.

Clarification sur les aides publiques

La liste des aides publiques et assimilées perçues par le groupe Michelin en France est transparente. Elle a été communiquée cette année à la Commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques diligentées par les sénateurs Gay et Rietmann.

Michelin respecte scrupuleusement toutes les obligations légales imposées au titre des aides publiques et soutiens assimilés et met à la disposition des autorités concernées l’ensemble des documentations y afférentes.

Le reportage mentionne notamment le Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE) qui a été en vigueur en France de 2013 à 2021.

Michelin a effectivement bénéficié de ce dispositif de crédit d’impôts comme de très nombreuses entreprises. Il a permis de maintenir autant que possible le niveau de compétitivité des usines, notamment face à la très forte pression concurrentielle asiatique. Cette aide n’a cependant pas résolu les problèmes structurels de compétitivité qui a continué de se dégrader. Elle n’a pas non plus permis de lutter contre la baisse inexorable de certains segments d’activités pneumatiques.

Cette aide n’était assortie d’aucune conditionnalité ni d’aucun fléchage dans les utilisations qui pouvaient en être faites. Dans un esprit de transparence, Michelin avait pourtant souhaité tracer les investissements réalisés au titre de ce dispositif.

C’était le cas à propos des machines de La Roche-sur-Yon. A partir de 2015, soit quatre ans avant l’annonce du projet de fermeture du site en 2019, 4,3 millions d’euros de crédits d’impôts ont été alloués spécifiquement au site afin de le moderniser.

Ce montant, fléché volontairement comme issu du CICE, a permis la rénovation d’ateliers et contribué à l’achat de huit nouvelles machines.

A partir de 2018, faute d’une activité suffisante sur le site, et un peu plus d’un an avant l’annonce du projet de fermeture, le groupe Michelin a choisi de réaffecter deux de ces équipements sur un site espagnol. Les machines restantes n’ont quitté le site vers l’étranger qu’après sa fermeture.

Sur ce dossier, bien que le cadre légal du CICE n’impose aucun remboursement ni fléchage contraignant, Michelin s’est d’ores et déjà rapproché des services de l’Etat pour préciser les modalités de remboursement volontaire du gain équivalent au crédit d’impôts.

En 2023, la principale aide publique reçue par Michelin est le Crédit Impôt Recherche (CIR), soit 40,4 millions d’euros. Ce chiffre est à mettre en regard des 400 millions d’euros investis chaque année en R&D par Michelin en France.

Le CIR est un dispositif destiné à renforcer la compétitivité de la recherche en France. Depuis 5 ans, près de 300 chercheurs ont été rapatriés en France depuis le Japon et les Etats-Unis, renforçant l’ancrage de la recherche mondiale du Groupe dans l’Hexagone.

Michelin a également bénéficié d’exonérations de cotisations sociales à hauteur de 32,4 millions d’euros, dans le cadre de dispositifs accessibles à toutes les entreprises.

Enfin, et comme cela a été partagé devant la représentation nationale, Michelin bénéficie du soutien de l’État à travers divers dispositifs visant à développer notamment les investissements industriels dans la transition écologique ou encore les actions de mécénat d’entreprise.

Ces montants doivent être mis en perspective avec la contribution fiscale totale du Groupe en France, qui s’élève à plus de 220 millions d’euros en 2023 et les 1,5 milliard d’euros de masse salariale de Michelin dans l’hexagone.

Conclusion : envisager les aides publiques sans mettre en perspective l’ensemble des contributions engagées par Michelin en France est une vision partielle et donc biaisée de la réalité. »

Ici s’achève la réponse du groupe Michelin

France Télévisions, une assistée de la République ?

La dotation publique allouée à France Télévisions en 2025 s’établit à 2 567 M€, et le budget 2025 approuvé par le conseil d’administration du groupe public de médias est attendu dans le rouge, à hauteur de 41,2 millions d’euros… que nous allons devoir éponger.

Nous sommes en droit de nous demander si nos impôts doivent continuer à servir à acheter une grosse scie pour couper les branches sur lesquelles nous reposons, nous et notre économie. Une idéologie partisane ne doit pas phagocyter un service public de l’information… qui devrait être au service de tous les publics.

Pour revoir l’émission

 


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Pierre-Edouard Laigo

Directeur et Rédacteur en Chef

Communicant qui aime marier des entreprises de la région


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  • Le premier E-Rallye de la région AuRA  qui devait se dérouler du 19 au 22 juin (lire l’article) est finalement reporté du 26 au 28 septembre
  • Suite à la fermeture d’Auchan nord, la ville de Clermont-Ferrand a décidé l’installation d’un marché alimentaire hebdomadaire les jeudis matin de 6h à 13h, sur le parking de l’ancienne médiathèque à Croix de Neyrat… à partir du 12 juin