🎃 Le business d’Halloween en France : Une fête économique en pleine croissance

Autrefois perçue comme une simple importation culturelle américaine, Halloween s’est progressivement taillé une place de choix dans le calendrier festif français. Loin de se limiter aux citrouilles sculptées et à la traditionnelle chasse aux bonbons, cette célébration est devenue un véritable temps fort commercial, stimulant l’économie dans plusieurs secteurs.

Halloween trouve ses racines dans la fête celtique païenne de Samain (ou Samhain), célébrée il y a plus de 2000 ans, principalement en Irlande, au Royaume-Uni et dans le nord de la France. Samain marquait la fin de l’été et des récoltes, et le début de la saison sombre et froide, associée à la mort.

Les Celtes croyaient que, pendant la nuit de Samain (du 31 octobre au 1er novembre), la frontière entre le monde des vivants et celui des morts s’estompait. Cette nuit permettait aux esprits (bons et mauvais) de revenir sur Terre. Des feux étaient allumés pour chasser les mauvais esprits.

Lorsque les Romains conquirent les territoires celtes, ils fusionnèrent leurs propres fêtes (comme celle de la déesse des fruits et des arbres, Pomona) avec Samain.

Au VIIIe siècle, le pape Grégoire III déplaça la fête chrétienne de la Toussaint (All Saints’ Day) au 1er novembre, probablement pour remplacer et christianiser la fête de Samain. La veille de la Toussaint devint All Hallows’ Eve (la veille de tous les saints), qui s’est progressivement contracté en « Halloween ».

La tradition a été principalement exportée aux États-Unis et au Canada par les immigrants irlandais au milieu du XIXe siècle, notamment après la Grande Famine. C’est en Amérique du Nord que la fête a pris sa forme moderne, intégrant les déguisements, le porte-à-porte pour les friandises (trick-or-treating) et la célèbre citrouille sculptée (Jack-o’-lantern).

La fête revint ensuite en Europe, dont la France, au XXe siècle, sous sa forme commercialisée et fortement influencée par la culture américaine.

Bien que l’adhésion ne soit pas aussi unanime qu’outre-Atlantique, le marché d’Halloween en France a atteint une taille considérable. Les estimations varient, mais les dépenses liées à cette fête avoisinaient les 300 millions d’euros en 2023, selon certaines études, marquant une croissance annuelle soutenue.

Environ 28% à 40% des Français déclarent effectuer des achats ou participer activement aux festivités.

Le panier d’achat d’Halloween se compose principalement de quatre catégories : Les Bonbons et Confiseries : Sans surprise, c’est un pilier du business d’Halloween. Les ventes de bonbons explosent, représentant une part significative du chiffre d’affaires annuel pour les confiseurs. Plus de 50 millions de paquets peuvent être écoulés à cette période, faisant de cette semaine l’une des plus lucratives.

Ensuite viennent les déguisements : Les costumes, qu’ils soient neufs ou loués, représentent une part importante des dépenses. Les magasins spécialisés et les grandes enseignes profitent de cette saisonnalité pour booster leurs ventes en proposant des thèmes variés (sorcières, vampires, zombies, personnages de films d’horreur…)… Le déguisement qui va faire fureur cette année : Cambrioleur du Louvre

La décoration représente une grosse part des dépenses : Des citrouilles aux fausses toiles d’araignées, en passant par l’éclairage et les accessoires d’ambiance, la décoration intérieure et extérieure génère également des revenus substantiels.

Enfin, les soirées à thème, les attractions éphémères (maisons hantées) et les événements organisés par les parcs de loisirs constituent un segment croissant, attirant un public de plus en plus large, notamment les jeunes adultes

L’attrait pour Halloween n’est pas uniforme sur le territoire et dans la population. Les jeunes adultes sont les plus enclins à dépenser pour les soirées déguisées, pour les couples et les célibataires avec enfants, Halloween est avant tout une fête familiale, l’occasion de moments partagés autour de la quête de bonbons et de la décoration. L’adhésion est souvent plus forte en milieu urbain et en région parisienne, où l’offre commerciale et événementielle est la plus dense.

L’impact d’Halloween dépasse la simple vente de confiseries. La grande distribution organise des opérations marketing spéciales, avec têtes de gondole dédiées et des promotions sur les produits de saison, y compris les citrouilles… pour la trouille. De son côté le secteur des loisirs organise des soirées à thème, des événements spéciaux dans les parcs d’attractions, des escape-games thématiques. Bien sûr c’est une période faste pour la vente et la location de costumes et accessoires (maquillage, perruques). Certaines boulangeries et pâtisseries proposent des produits décorés sur le thème, ateliers de sculpture de citrouilles, etc.

En conclusion, si la fête des Morts et la Toussaint conservent leur dimension traditionnelle et mémorielle en France, Halloween s’est imposée comme un moteur économique puissant. En adaptant la tradition anglo-saxonne au goût français, il est devenu une saisonnalité incontournable, une « bouffée d’oxygène » pour le commerce de détail et un formidable terrain de jeu pour le marketing.

NB : certains vieux grincheux comme moi affichent sur leur porte un écriteau annonçant « Pas de bonbons ici », pour éviter la valse des sonnettes pendant 3 jours.

Je vous souhaite une bonne fête de Toussaint