Une décharge transformée en centrale solaire, le pari fou de Rosières (43)
20/05/2025Quand un ancien site d’enfouissement n’est plus utilisable pour l’habitat ou l’agriculture, le secret de sa reconversion : le transformer en centrale photovoltaïque avec une logique d’économie circulaire. La coopérative d’énergies locales ERE43 s’est entendue avec le fournisseur d’énergies renouvelables en circuit court Énergie d’ici, pour mener à bien ce projet, qui sera inauguré samedi prochain à Rosières.
Des données stratégiques
Les crises contiennent en leur sein des opportunités, comme le rappellent les idéogrammes chinois. Il suffit de se soucier (un peu) de la planète et de subir (un peu plus) de l’inflation sur les énergies fossiles, pour que les dynamiques se réveillent afin de trouver des alternatives.
On se souvient qu’éduquer signifie « guider dehors », rendre autonome, apprendre à défendre sa souveraineté. Pour ce qui est de l’énergie, notre quotidien est dépendant des puissances étrangères qui manœuvrent sur l’échiquier politique mondial afin d’accroitre leur domination.
A la sortie de la guerre, il y a tout juste 80 ans, le général De Gaulle a eu la bonne idée de créer le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) afin d’accélérer l’industrialisation de la technologie nucléaire. Le plan Messmer, il y a tout juste 60 ans, a permis de redonner son indépendance énergétique à la France en passant par la construction de plus de 13 centrales nucléaires de 1 000 MW chacune. Il faut rappeler qu’alors, la facture pétrolière de la France avait quadruplé en l’espace de 2 ans (de 1972 à 1974) après la guerre du Kippour.
Ces choix ont permis d’avoir le prix de l’électricité la moins chère d’Europe, jusqu’à ce que l’Allemagne, à la tête des pays européens, impose des concurrents, créés ex-nihilo, face au monopole d’EDF. L’Allemagne, pourtant anti-nucléaire depuis toujours, est contente de pouvoir aujourd’hui compter sur le nucléaire français, pour passer ses pointes de consommation, (ses centrales à charbon, polluantes pour toute l’Europe, ne suffisent pas) ce qui augmente grandement le prix de l’électricité en France.
Les prix de l’électricité ont augmenté de 60,5% en 13 ans (entre 2012 et 2025), passant de 0,1256€ à 0,2016€ par kilowattheure. Cela n’est pas seulement du fait de la production et de la régulation des prix, car pour un ménage français, l’électricité est l’énergie la plus taxée.
Selon une étude réalisée par Verivox, désormais la France figure à la 4e place parmi les grands pays qui payent le plus cher leur électricité… Merci l’Europe
Transformer un problème en solution vertueuse, utile à tous
Une ancienne décharge transformée en site de production d’électricité renouvelable.
« Développée par ERE43, cette installation solaire a été conçue pour répondre aux exigences les plus strictes en matière d’impact environnemental. Implantés sur un site inutilisable pour l’habitat ou l’agriculture, les 736 panneaux photovoltaïques sont fixés sur des structures en bois brut issues des forêts locales et gérées durablement, fournies par la société MECOWOOD. Ce système innovant ne nécessite ni terrassement, ni béton, ce qui permet une intégration réversible dans l’environnement. »
« Financée grâce à un emprunt de la Nef, banque éthique, la centrale de Rosières s’inscrit également dans une logique d’économie circulaire. Environ 10% de l’électricité produite sera consommée localement par le SICTOM et l’Agglomération du Puy-en-Velay dans le cadre d’un projet d’autoconsommation collective. D’autres acteurs locaux pourront rejoindre cette initiative afin de bénéficier d’une énergie propre à un prix stable sur le long terme.
Avec une puissance de 300 kWc (250 kVA), la centrale de Rosières produira environ 350 000 kWh d’électricité solaire par an, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 80 à 150 foyers. Elle s’ajoute aux trois centrales hydroélectriques déjà présentes en Haute-Loire et contribue à diversifier le mix énergétique d’Énergie d’ici. »
Le surplus payé avec une monnaie locale !
Le surplus de production, soit 90% de l’électricité générée, est acheté par Énergie d’ici est payé en monnaie locale, le LIEN, qui circule dans territoire frontalier ligérien altiligérien. Cette approche permet de renforcer l’ancrage territorial du projet et de favoriser une économie locale plus résiliente.
Antoine Garcier, Directeur Général d’Énergie d’ici :
« Ce projet illustre parfaitement la mission d’Énergie d’ici : soutenir des initiatives locales, durables et responsables. En achetant l’électricité produite à Rosières, nous permettons aux consommateurs de choisir une énergie en circuit court et de soutenir directement la transition énergétique sur leur territoire. »
Jacques Villevieille, Gérant d’ERE43 :
« Nous avons conçu ce projet en veillant à minimiser son empreinte écologique tout en maximisant ses retombées locales. L’implication d’Énergie d’ici et l’utilisation du LIEN renforcent encore davantage notre engagement pour un modèle énergétique solidaire. »
Yann Petroff, Coordinateur du LIEN, monnaie locale :
« En rémunérant l’énergie en monnaie locale, ce projet favorise les circuits courts économiques autant qu’énergétiques. C’est une belle avancée vers un système plus résilient et plus ancré dans les territoires. »
En espérant que cette énergie renouvelable, pour les altiligériens, ait aussi la vertu d’être moins chère… mais les bonnes intentions se fracassent souvent contre le mur de la cupidité.
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