Société : Faut-il débaptiser l’avenue de l’Union Soviétique à Clermont-Ferrand ?

Le débat est très ancien, revient régulièrement, et dépasse largement les clivages politiques. L’impact de cette dénomination sur l’image de la capitale auvergnate, sur son tourisme et son économie doit se poser, d’autant plus qu’il s’agit de l’adresse de la gare SNCF et de la Métropole clermontoise… et que les prochaines élections municipales sont dans 9 mois…

L’enthousiasme de l’après-guerre

L’avenue du Château-Rouge a été rebaptisée, si tant est que le mot « baptême » soit bien choisi en l’occurrence, en avenue de l’Union soviétique, par délibération du Conseil Municipal clermontois du 13 juin 1945. Dans la fièvre et l’enthousiasme de l’immédiate après-guerre, il était de bon ton que l’on remercie les forces alliées qu’étaient les États-Unis d’Amérique, l’Angleterre et l’URSS.

L’URSS apparaissait alors comme le contre-pouvoir face au nazisme, nous avions oublié le pacte germano-soviétique et étions ignorants des exactions du régime soviétique.

Une appellation anachronique

Le héros d’hier s’est révélé être un assassin. L’appellation « avenue de l’Union Soviétique » est aujourd’hui, pour beaucoup, aussi infamante que si elle portait le nom de « avenue de l’Allemagne Nazi », maintenant que le rideau de fer est levé sur les chiffres de l’histoire.

A la fin de la seconde guerre mondiale, le bilan des atrocités nazis a rapidement été établi, pour purger la co-responsabilité de l’État Français.

En ce qui concerne l’Union Soviétique, ce fut bien plus tardif et ce n’est qu’après la chute du mur de Berlin en1989 et la dislocation de l’URSS, que les dossiers secrets ont commencé à faire surface sur l’omerta du régime. On se souvient que le parti communiste français était aux ordres de Moscou, et qu’à l’instar de la révolution française il fallait garder sous silence les massacres qui faisait tache dans l’histoire officielle des peuples qui se « libèrent »… mais qui choisissent des tyrans.

Essayons de faire ce bilan pour l’Union Soviétique

Une naissance dans le sang des ouvriers en lutte (qui a donné la couleur du drapeau communiste), la guerre civile russe, de 1917 à 1922, fit un nombre colossal de victimes, essentiellement civiles, presque 10 millions de morts.

Les famines organisées par Staline, dont l’holodomor, au début des années 1930, ont fait 7 millions de morts, plus encore que l’holocauste. Il est intéressant de noter que nous avons tous appris à l’école l’horreur de l’holocauste (qui vient du grec holokaustos, « entièrement brûlé ») et que beaucoup ignorent encore l’holodomor (qui signifie en ukrainien « extermination par la faim »). Cela ne fait pas partie du programme d’histoire à l’école…

Les grandes purges staliniennes (1936-1938) s’évaluent à 1,2 millions de morts, et les chiffres des morts du Goulag s’établissent, sur la période 1930-1953, aux alentours de 1,7 millions.

Les déportations de populations ethniques sous Staline (Tatars de Crimée, Tchétchènes-Ingouches, Karatchaïs, Balkars, Kalmouks, Volga-Allemands, Meskhetiens, etc.) ont fait 45% de morts parmi les déportés (1943-44) soient plusieurs centaines de milliers de morts.

Pour compter justement il faudrait rappeler les morts des différents conflits, contre la Finlande en 1939, la Pologne, la Hongrie, la guerre en Afghanistan entre 79 et 89 et ses 2 millions de morts, etc.

Selon Alexandre Soljenitsyne, les victimes de la répression politique en Union Soviétique, de 1917 à 1959, s’élèvent à 66,7 millions.

Maintenant que l’on sait…

De nombreux appels au changement de nom

Le débat est ancien, a fait couler beaucoup d’encre, fait réagir et embarrasse de nombreuses personnes. Ce qui est étonnant de constater, c’est qu’à la différence des autres rues de Clermont-Ferrand qui arborent une plaque à chaque intersection, il est difficile d’en trouver avenue de l’Union Soviétique, pour prendre une photo par exemple… les plaques ont-elles été enlevées par les riverains ? cachées par les services de voirie ? l’enquête est ouverte…

Vous pouvez lire l’excellent papier de notre confrère Marc François dans 7 jours à Clermont, et le sondage de 2012 sur La Montagne

Quand je me suis entretenu du sujet avec Olivier Bianchi, premier édile de la ville, sa réponse a été « c’est du wokisme de droite », bel oxymore non ? Ensuite il m’a indiqué sa difficulté de trouver un nom, alors qu’il me semble que, d’avoir renommé une grande partie du boulevard Gergovia en boulevard François Mitterrand n’a posé aucun problème. L’ancien président, à part butiner la petite Anne Pingeot, n’a pas beaucoup fait pour Clermont-Ferrand. D’ailleurs, en parlant d’ancien président de la République, le nom de Valéry Giscard d’Estaing serait une idée, non ?

Olivier Bianchi m’a précisé qu’il ne voulait pas « se fâcher avec sa base ». Je n’imagine pas que ses soutiens soient des nostalgiques de l’Union Soviétique… D’ailleurs une personne, bien plus au fait que moi de la politique clermontoise, m’a indiqué qu’il pourrait bien être « doublé par sa gauche » aux prochaines échéances… wait and see…

 

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Pierre-Edouard Laigo

Directeur et Rédacteur en Chef

Communicant qui aime marier des entreprises de la région


En BREF
  • Suite à la fermeture d’Auchan nord, la ville de Clermont-Ferrand a décidé l’installation d’un marché alimentaire hebdomadaire les jeudis matin de 6h à 13h, sur le parking de l’ancienne médiathèque à Croix de Neyrat… à partir du 12 juin
  • Les nouveaux clermontois seront reçu au patio de l’Hôtel de Ville le mercredi 25 juin à 18h30, pour une découverte des services de la ville.
  • Le livre « Michelin à Clermont-Ferrand. Une manufacture dans la ville. » sera présenté par Sophie Rotkopf, Vice-président du Conseil Régional en charge de la Culture et du Patrimoine, à l’Aventure Michelin, vendredi 13 juin à 16h.
  • Le festival de musique et de danse BAC IN TOWN revient à la Fontaine-du-Bac, les 13 et 14 juin. retrouvez le programme détaillé en cliquant sur les dates
  • Catherine Monnier a été nommée à la tête de la Direction Générale de l’Institut des Métiers de Clermont-Ferrand.