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Le courrier des entreprises

Michelin met en place un « salaire décent » supérieur au smic 

Florent Menegaux, le PDG de la manufacture auvergnate a fait savoir, jeudi 18 avril, qu’elle avait instauré un « salaire décent » pour 100 % de ses 132 000 salariés à travers le monde. Dorénavant, aucun ne devrait être payé au « salaire de survie ». Toutes les entreprises peuvent-elles s’aligner ? 

Une main tendue vers les plus petits salaires 

Florent Menegaux, le PDG de Michelin a affirmé que ses salariés percevaient, chaque mois, un salaire décent. Ce dernier doit, selon lui,  » permettre à une famille de quatre personnes : deux adultes et deux enfants, de se nourrir, mais aussi de se loger, de se soigner, d’assurer les études des enfants, de se constituer une épargne de précaution, et d’envisager des loisirs et des vacances. » Tous les salariés du groupe sont payés au-delà du SMIC avec des variations en fonction du coût de la vie de leur lieu de résidence. Entre 1,2 fois et 3 fois le salaire minimum, selon les pays. Cela reste une donnée subjective et dépend en partie du mode de vie de chaque personne.  

Par exemple, chez nous, le « salaire décent », selon F. Menegaux, se situe 20 % au-dessus du smic, c’est-à-dire à 1648 € net mensuel avant impôt. A Paris, il est égal à deux fois le smic. Michelin va-t-il lancer un guide rouge des bonnes pratiques sociales ?  

Trop beau pour être vrai ? 

La CGT accuse ce patron exemplaire de parler en réalité de « rémunération » et d’englober dans son « salaire décent » des primes, lesquelles varient par ailleurs d’une année à l’autre. Ces primes sont plus basses pour les plus bas salaires, qui n’est donc pas un revenu fixe et de sécurité. 

Pour calculer honnêtement la rémunération, il faut également y inclure les possibles avantages en nature (logement, véhicule de fonction, repas, assurance santé, frais de déplacement, téléphone, tablettes, ordinateur, cadeau et bons d’achat, etc.), le partage de valeurs, les réductions de tarifs négociés par le CSE, chèques vacances, etc. Pneu mieux faire ?

Michelin montre la voie néanmoins tout le monde peut-il s’aligner ?

Le groupe se porte bien. Le leader mondial des pneus de voitures, de vélos, de tracteurs, d’avions… est une des plus grosses entreprises françaises du cac40. Elle a réalisé, en 2023, un bénéfice de 3,6 milliards d’euros. Selon la philosophie du patron : « les personnes touchant le smic sont en mode survie ». « Si on paye mieux ses salariés ils seront plus productifs et l’entreprise y gagnera ». Il a confié au Parisien, mercredi 17 avril, « Quand vous êtes dans la survie, vous ne vous préoccupez ni d’autrui ni des questions environnementales, vous êtes réduit à l’instinct animal. » Depuis, plusieurs grands groupes se sont engagés dans la même démarche, comme AXA, L’Oréal ou Danone, mais l’irréductible gaulois n’est pas suivi par la majorité des autres acteurs du cac40.

Le nombre de « smicars » augmente en France. En 2021, 12 % des salariés étaient au Smic, en 2023, il était 17,3 %. Cette mesure est donc susceptible de toucher 3,1 millions de Français. 

Les petites entreprises et leurs marges serrées ne peuvent pas toujours prendre exemple sur les grands groupes. En effet, vous le savez, plus on paye un salarié au-dessus du smic, plus les charges patronales augmentent. Pour François Lenglet, la « trappe à bas salaire » empêche d’ajouter 100 € à la fiche de paie. 

François Lenglet : La trappe à bas-salaire

Les cotisations patronales augmentent chaque année, allongeant considérablement les lignes de notre fiche de paie. Le taux moyen des charges patronales correspond, la plupart du temps, à 42% du salaire brut. Par exemple, pour un salarié percevant un salaire brut de 2 000€, le montant des charges patronales s’élève à environ 840€. Les PME n’ont généralement pas de marge de manœuvre pour augmenter le salaire de leurs employés sans répercuter cette hausse sur le prix de vente de leurs produits ou services. 

« La hausse des salaires au-delà du smic, reporterai la charge sur les entreprises. » François Lenglet avait déjà précisé en 2022 que revaloriser les salaires en fonction de l’inflation « fait peser le risque que les entreprises françaises perdent en compétitivité par rapport à leurs concurrentes européennes et qu’elles détruisent des emplois en délocalisant ou en automatisant ».  La voie de sortie sera-t-elle d’augmenter les salaires au sein de l’Union Européenne pour limiter cette perte de compétitivité ?

Comment changer les choses ? 

Pour pouvoir augmenter les petits salaires il faudrait réduire les charges patronales et salariales sur l’ensemble des tranches de salaire et pas seulement sur le smic. L’effet pervers de la diminution des charges sur le smic c’est qu’une entreprise préfèrera embaucher 3 petites mains à bas salaire plutôt qu’une personne efficace payée 3 fois plus. On assiste progressivement, et parallèlement, à une ubérisation de l’emploi et à une dévalorisation de la classe moyenne. 

Wait and see…

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Lou Courbon

Rédactrice pour Le Courrier des Entreprises
contact@lecourrierdesentreprises.fr
Tel 07 81 84 07 30

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