Les structures auvergnates extraordinaires pour les personnes extra-ordinaires

En ce 3 décembre 2025, journée internationale des personnes handicapées, on se souvient que la valeur d’une société, la solidité de sa chaine de solidarité, se mesure à l’attention qu’elle porte à ses maillons les plus fragiles. Alors que les différents gouvernements actuels cherchent à rogner sur les aides aux handicapés et que certaines régions suppriment leurs financements aux MDPH, il nous semblait nécessaire de faire humblement notre part : vous informer sur les structures auvergnates qui luttent chaque jour, courageusement, pour les aider à s’insérer dans notre société.

L’Auvergne, avec ses quatre départements, dispose d’un maillage dense et diversifié de structures dédiées au handicap. Que ce soit pour un enfant, un adulte en recherche d’emploi ou une personne âgée en situation de dépendance, il est souvent complexe de s’y retrouver dans la « jungle » des acronymes.

Cet article vous propose un tour d’horizon des différents établissements et services disponibles sur le territoire auvergnat, classés par besoins et par étapes de vie. Nous sommes par avance désolés de l’avalanche d’acronymes.

Avant toute orientation vers une structure, le passage par la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) est obligatoire. C’est le guichet unique qui évalue les besoins, attribue les droits (allocations, cartes de stationnement) et décide de l’orientation vers les établissements spécialisés.

En Auvergne, chaque département possède sa MDPH, situées dans son chef-lieu, Clermont-Ferrand, Moulins, Aurillac et le Puy-en-Velay. A noter que l’Allier compte deux antennes, à Vichy et à Montluçon.

C’est la Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées (CDAPH) au sein de la MDPH qui notifie la décision d’orientation. Sans ce document, l’inscription en structure est impossible.

Pour les plus jeunes, l’objectif est double : favoriser le développement de l’enfant et assurer sa scolarisation (en milieu ordinaire ou spécialisé).
Les structures d’intervention précoce et d’accompagnement sont les CAMSP (Centre d’Action Médico-Sociale Précoce), pour les enfants de 0 à 6 ans. Ils effectuent le dépistage et la rééducation (kiné, orthophonie, psychomotricité) en ambulatoire, et les SESSAD (Service d’Éducation Spéciale et de Soins à Domicile) : Ces équipes mobiles interviennent directement dans les écoles (pour aider à l’inclusion scolaire) ou au domicile des familles partout en Auvergne, y compris dans les zones rurales reculées du Cantal ou de la Haute-Loire.

Les établissements d’accueil sont appelés IME (Institut Médico-Éducatif) et accueillent les enfants et adolescents atteints de déficience intellectuelle. L’IME assure une prise en charge globale : scolarité adaptée, soins et apprentissage de l’autonomie. Il y a aussi les ITEP (Institut Thérapeutique, Éducatif et Pédagogique) : Dédié aux jeunes dont les troubles du comportement perturbent la scolarisation, mais qui ont conservé leurs capacités intellectuelles.

L’Auvergne possède un tissu économique où l’inclusion par le travail est très présente, notamment via des activités agricoles, industrielles (sous-traitance pour des entreprises comme Michelin ou Limagrain) et de services.

Les ESAT : Établissement et Service d’Aide par le Travail. C’est le milieu « protégé ». Les personnes y exercent une activité professionnelle (espaces verts, blanchisserie, conditionnement, restauration) tout en bénéficiant d’un soutien médico-social et éducatif. Le Réseau ESAT en Auvergne regroupe 40 établissements sur notre territoire, et se positionne comme une passerelle entre l’entreprise et les personnes handicapées. Quand au cours de ma carrière j’ai eu la chance de travailler avec eux, j’ai pu mesurer à la fois l’implication permanente des encadrants, et les capacités extraordinaires de mes collègues extra-ordinaires. Pour découvrir l’ensemble du réseau, cliquez ICI 

Les entreprises adaptées (EA) : Ce sont des entreprises du milieu ordinaire, mais dont au moins 55% des effectifs sont des travailleurs handicapés. Elles sont nombreuses dans l’Allier et le Puy-de-Dôme. Il est difficile d’en trouver une liste exhaustive… même la Direction régionale en charge du sujet (DREETS) est incapable de vous fournir le décompte … jugez vous-même  . Heureusement l’Union nationale des entreprises adaptées fait son job ICI

Cap Emploi est un organisme de service public (partenaire de Pôle Emploi) qui aide les personnes handicapées à trouver un emploi dans le milieu ordinaire classique.

C’est le bon moment pour rappeler que toute entreprise comptant au moins 20 salariés est tenue de respecter l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH), c’est-à-dire compter au moins 6% de TH dans ses effectifs. Les contrats de fourniture, de sous-traitance ou de prestations de services qu’un employeur passe avec des entreprises adaptées, des ESAT, des travailleurs indépendants handicapés sont pris en compte sous la forme d’une déduction de la contribution due. Pour en savoir plus, c’est ICI 

A noter que la fonction publique est aussi tenue d’employer 6% de travailleurs handicapés, depuis la loi de 2006. Longtemps à la traine, il aura fallu attendre près de deux décennies pour que cette obligation soit (presque) respectée (5,9% en 2024). Il faut distinguer le bon élève, la fonction publique territoriale, avec 7,2% d’agents handicapés, et le cancre, la fonction publique d’Etat, et son petit 4,9%.

Lorsque le maintien à domicile n’est plus possible ou souhaité, ou lorsque l’autonomie est trop réduite, différentes solutions d’hébergement existent. Pour les personnes relativement autonomes on a le choix entre un Foyer de Vie (ou Foyer Occupationnel) qui accueille des adultes qui ne peuvent pas travailler, mais qui disposent d’une certaine autonomie physique (On y propose des activités ludiques et éducatives) et un Foyer d’Hébergement : Souvent adossé à un ESAT, il assure le logement et le couvert des travailleurs handicapés le soir et le week-end.

Pour les situations de grande dépendance, il y a les FAM (Foyer d’Accueil Médicalisé) : Pour des adultes ayant besoin d’aide pour les actes de la vie quotidienne et d’une surveillance médicale régulière, et les MAS (Maison d’Accueil Spécialisée) : Accueille les personnes les plus lourdement handicapées (polyhandicap) nécessitant une assistance médicale et humaine constante et permanente.

Pour favoriser l’autonomie en milieu ordinaire, deux services clés opèrent sur le territoire auvergnat : le SAVS (Service d’Accompagnement à la Vie Sociale), qui aide à la gestion du budget, aux démarches administratives et à l’accès aux loisirs, et le SAMSAH (Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés), identique au SAVS, mais inclut une dimension de soins infirmiers et médicaux à domicile.

La gestion de ces établissements est majoritairement assurée par de grandes associations régionales ou départementales comme l’Adapei et l’Unapei, acteurs majeurs gérés par des parents, APF France Handicap, active sur le handicap moteur, l’Association Départementale de Sauvegarde de l’Enfant à l’Adulte (ADSEA), très présente dans la protection de l’enfance et le handicap psychique. On notera aussi l’association Sagess, dans l’Allier, qui gère 39 établissements.

Votre entreprise accorde-t-elle son attention à l’inclusion des travailleurs handicapés ?

Nous souhaitons une bonne journée à tous les travailleurs… y compris les extra-ordinaires.