Le retour au bureau… une question qui se pose
11/06/2025Le confinement du Covid 19 avait fortement bouleversé les environnements de travail : faut-il se voir pour travailler ensemble ? Une réunion ? pourquoi pas une « visio »? Garantir la santé et la sécurité des collaborateurs, tout en assurant la continuité d’activité des entreprises placées dans des contraintes exceptionnelles a été une gageure pour tous les DRH. La distanciation sociale et professionnelle a propulsé le télétravail comme une solution que l’on pensait provisoire mais qui, 5 ans après, s’est installée comme une norme. Le retour au bureau se dresse comme un défi logistique et humain.
La crise a redéfini les attentes des salariés et des entreprises. Aujourd’hui, le modèle hybride s’impose comme une possibilité consensuelle.
La dernière étude Pulse d’Owl Labs sur le travail hybride en France révèle que près de 80% des salariés français se disent aujourd’hui confrontés à une demande explicite de retour au bureau. Ce chiffre est révélateur d’un mouvement de fond : malgré les progrès réalisés depuis la pandémie, les entreprises françaises semblent opérer un repli remettant en question les acquis récents en matière de flexibilité.
Le grand retour du présentéisme
Le présentéisme, en voici un joli mot-valise qui, jusque-là, portait une connotation négative : On considérait soit le présentéisme contemplatif, qui consiste à être présent au travail mais à faire autre chose que travailler pour son employeur, soit le présentéisme stratégique : rester tard le soir pour se faire bien voir en montrant sa motivation au travail, soit encore la version « fayot », le surprésentéisme, quand on travaille même lorsque son état de santé est dégradé. Bref le présentéisme n’évoquait pas la productivité… aujourd’hui c’est une demande de certaines entreprises.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 76 % des salariés déclarent avoir reçu une demande explicite de retour au bureau. Près du quart des personnes interrogées (24 %) indiquent qu’elles doivent revenir en présentiel 5 jours par semaine, quand 20% sont attendus au moins 3 jours.
Cette pression est vécue difficilement, notamment par les jeunes générations, plus d’un salarié sur deux (57 %) déclare explorer d’autres opportunités professionnelles face à ce retour en arrière. Dans un contexte de pénurie de talents, ce chiffre devrait alerter les responsables d’entreprises face à cette majorité silencieuse mais lassée.
Une flexibilité demandée et une équité exigée… car devenue essentielle
Certes, quand on a gouté aux journées de travail en peignoir, s’évitant les transports en commun et les bouchons, en dormant une heure de plus et en passant plus de temps avec ses proches, il semble difficile de revenir en arrière sans que cela grince.
Les salariés français ont une demande claire, ils souhaitent un équilibre réel entre vie professionnelle et personnelle. Et les chiffres de l’étude le montrent, le travail hybride permet de mieux respecter les délais pour 44 % des sondés.
Mais ce que les collaborateurs appellent de leurs vœux, ce sont des changements structurels durables : 33 % souhaitent des journées plus flexibles et 28 % des horaires aménagés. En effet, les salariés sont contraints de gérer de nombreuses obligations personnelles pendant leurs journées de travail et cela se fait sans perte d’efficacité. Ainsi, 66 % se disent à l’aise pour prendre jusqu’à une heure pour des tâches personnelles, notamment pour les rendez-vous médicaux (53,2 %), les démarches administratives (53,6 %), ou les tâches domestiques (56,2 %).
Enfin, la flexibilité ne doit pas seulement exister — elle doit être juste. Aujourd’hui, 15,6 % des salariés dénoncent une flexibilité accordée de manière inégale : réservée aux cadres supérieurs, variable selon les bureaux, ou distribuée arbitrairement. Résultat, près d’un quart d’entre eux (24,2 %) ressentent du ressentiment vis-à-vis de leur entreprise.
Le vrai frein à la productivité ? La technologie, pas le télétravail
Autre paradoxe pointé par l’étude : malgré l’omniprésence des visioconférences (72 % des salariés y participent quotidiennement), 86 % rencontrent encore des problèmes techniques, liés à la connectivité, aux équipements ou aux outils. Le problème n’est donc pas le travail hybride, mais bien l’absence d’investissement dans les infrastructures adaptées.
Néanmoins, certaines entreprises ont investi dans certaines technologies, notamment l’IA. Entre promesse et anxiété, l’IA s’invite progressivement dans les bureaux : si 56,4 % des salariés sont encouragés à l’utiliser, ils sont 31 % à ne pas y avoir encore accès. Mais au-delà de sa plus-value, l’IA suscite des craintes et 36 % des sondés redoutent déjà son impact sur leur carrière. Ainsi, si l’IA peut augmenter la performance (pour 22,2 %), elle reste une source d’angoisse tant que son déploiement n’est pas accompagné.
L’étude révèle un décalage inquiétant entre les attentes des salariés et les décisions des entreprises. Revenir au bureau sans améliorer les conditions de travail (bureaux bruyants, technologies obsolètes, manque d’ergonomie…) ne peut qu’entraîner une démobilisation.
Dans un monde du travail en pleine transformation, la flexibilité ne doit pas être perçue comme une faveur, mais comme un levier stratégique de performance, de bien-être et de rétention des talents.
Souhaitons bon courage à nos amis DRH…
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