La déGAFAMisation, une tendance qui gagne du terrain

Tout commence par une prise de conscience : La défiance qui bruisse dans les cerveaux de la vieille Europe, à l’égard de la puissance américaine, se traduit d’abord par des actions de boycott (lire l’article ) mais plus généralement par un questionnement sur la fragilité du continent vis-à-vis du géant d’outre-Atlantique. La question de la souveraineté numérique est posée, surtout quand une menace pointe son nez.

Une grosse épée de Damoclès

Selon une étude du cabinet Asterès pour le Cigref, le coût de la dépendance de l’Europe à l’égard des entreprises américaines dans le domaine du cloud et des logiciels professionnels est de 264 milliards d’euros ! Une dépendance connue, désormais chiffrée avec précision, qui finance près de 2 millions d’emplois aux États-Unis et questionne, au-delà des aspects économiques, sur la capacité du Vieux Continent à se bâtir une véritable souveraineté numérique.

Alexandre Fiorentino, d’Adequacy : « Ce constat n’est pas une surprise, mais il est alarmant. Nous vivons aujourd’hui dans une Europe vassalisée d’un grand nombre de services américains. Nous prenons tout juste conscience de la situation, de l’impact de cette dépendance sur notre autonomie stratégique et de manière plus large sur notre souveraineté. 

Nous vivons dans une économie de marché où la majorité des systèmes d’information sur lesquels elle repose sont contrôlées par les GAFAM. Dans une Europe où Microsoft Office 365 est la solution collaborative retenue par la Commission Européenne. Dans une France qui a laissé l’ensemble des données de santé des citoyens être hébergées chez Microsoft Azure.

Nous avons laissé les choses se faire en choisissant la facilité d’usage à la place de créer ou choisir nos propres solutions.

Une stratégie “dégafamisation” est aujourd’hui difficile à concevoir pour un grand nombre d’acteurs bloqués dans une vision court-termiste. Pour un décideur, une telle stratégie se traduirait nécessairement par des budgets de fonctionnement à basculer sur de l’investissement alors qu’ils ont tous fait l’inverse il y a dix ans. La situation actuelle met pourtant en exergue des problématiques de droit à la vie privée, d’intelligence économique et de souveraineté. 

Il faut espérer que le sursaut que nous observons actuellement puisse nous aider à construire notre autonomie stratégique en matière de numérique.

Il faudrait un engagement et accompagnement fort de l’Europe pour accélérer l’émergence de champions européens. Elle pourrait commencer par valider la mise en place de l’EUCS intégrant, pour le niveau d’exigence le plus élevé, des critères clairs d’immunité au droit non européen en plus des règles de sécurité techniques et opérationnelles. »

Sébastien Lescop, de Cloud Temple : « Pour le cloud européen, c’est plus qu’un sursaut, c’est un véritable départ. Aujourd’hui, l’Europe réalise chaque année 264 milliards d’euros d’achats cloud auprès des États-Unis, soutenant près de 2 millions d’emplois outre-Atlantique.

Réorienter seulement 10 % de ces dépenses vers les acteurs européens d’ici 2030 générerait 50 milliards d’euros de chiffre d’affaires et créerait plus de 330 000 emplois sur notre continent. Il aura fallu être dos au mur pour lever enfin les yeux et avancer ensemble, industriels et décideurs publics, car comme le souligne Clara Chappaz : « Il n’y aura pas d’IA sans cloud ». Nous avons les talents, nous avons la technologie. Comment faire émerger les champions européens de demain ? »

La déGAFAMisation, comment ça marche ?

D’abord une explication de texte : La « déGAFAMisation » (ou désengagement des services des GAFAM : Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) est une démarche visant à reprendre le contrôle sur ses données personnelles, soutenir des alternatives éthiques et diversifier ses outils numériques. Cela peut se faire progressivement et selon plusieurs axes : logiciels, services en ligne, appareils, etc.

Les principaux conseils pour tendre vers (littéralement l’intention) cette déGAFAMisation sont de procéder par étapes, outil par outil, ne pas viser une déGAFAMisation totale d’un coup : l’essentiel est la conscience et la progression et enfin de ne pas culpabiliser si certaines dépendances persistent (par exemple pour des raisons professionnelles).

ancienne Une de Framasoft

Pour réussir il faut connaître les alternatives.

Par exemple pour votre messagerie, vos courriels, vous pouvez remplacer Gmail et Outlook par ProtonMail, Tutanota, Mailo, Posteo, etc.

C’est vrai que concernant la navigation web, Google est séduisant et efficace. Vous pouvez aussi essayer Firefox, Brave, Librewolf, ou encore DuckDuckGo, Qwant, Startpage, SearXNG, etc. les possibilités sont nombreuses. Rien n’est immuable : Il y a fort à parier que vous ne vous souvenez plus des moteurs, et métamoteurs de recherche que vous utilisiez dans les années 90 avant la prise de pouvoir de Google, comme Lycos et Altavista. Je me souviens du clermontois KartOO, le métamoteur à interface cartographique, très prometteur, mais qui rendit les armes en 2010… peut-être trop en avance sur son temps.

Vous souhaitez du stockage en ligne et des outils bureautiques ? pour remplacer Google Drive et Microsoft Office 365, vous pouvez choisir CryptPad, OnlyOffice, LibreOffice, Nextcloud, etc. la liste est longue.

Vous souhaitez changer de système d’exploitation ? Tout le monde pense à Linux, mais aussi LineageOS, E/OS, GrapheneOS…

Si le sujet de la déGAFAMisation vous intéresse, Je peux vous conseiller de suivre le réseau Framasoft, qui a déjà plus de 20 ans, originaire de Lyon, et qui fait la promotion de logiciels libres , et d’une autre vision d’Internet… encore des irréductibles Gaulois !

Voici une petite interview de Framasoft par notre confrère Blast

(image principale : Dégooglisons Internet par Framasoft)


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Pierre-Edouard Laigo

Directeur et Rédacteur en Chef

Communicant qui aime marier des entreprises de la région


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