NaCRe: le projet de souveraineté énergétique porté par deux acteurs deeptech français
22/10/2025Une fois n’est pas coutume, l’information du jour n’est pas Auvergnate mais nous vient du « Nooord ». Nous ne pouvions pas passer à côté d’une innovation technologique qui allie recyclage et souveraineté énergétique. Mecaware et Tiamat unissent leurs expertises autour du « Procédé NaCRe » : une innovation pour recycler les batteries sodium-ion. On décrypte…
Les batteries sodium-ion ne datent pas d’hier
L’histoire de la batterie sodium-ion (Na-ion) est marquée par des périodes d’exploration et de résurgence. Vous les connaissez pour en avoir glissé dans votre walkman, au début des années 80.
Elle prend ses racines dans les années 1970, en même temps que les recherches sur la batterie lithium-ion, son « jumeau » chimique. Face aux meilleures performances initiales du lithium, la technologie Na-ion fut cependant largement délaissée dans les années 1990.
Le sodium, beaucoup plus abondant et moins cher que le lithium, est revenu au centre des recherches en raison de la demande croissante en stockage d’énergie et des préoccupations géopolitiques liées au lithium. Un moment clé fut l’organisation du réseau français RS2E qui a dévoilé le premier prototype de batterie Na-ion au format 18650 en 2015. Depuis, le développement s’est accéléré, notamment en Chine, où le géant CATL a commencé à commercialiser sa première génération de batteries Na-ion dès 2021.
En 2023, la société française Tiamat a commercialisé un premier produit grand public (un tournevis sans fil). Le déploiement continue, avec la mise sur le marché en 2024 du premier véhicule électrique de série équipé de cette technologie, la JAC Yiwei EV.

« Le consensus actuel est qu’en 2030, la production mondiale de batteries devra être d’environ 4 700 GWh, soit plus de 7 fois la capacité mondiale installée en 2022.
A l’heure actuelle, il existe également un consensus sur le fait que même si les matériaux constituant les batteries Lithium-ion sont suffisamment présents sur terre, leurs capacités d’extraction et de raffinage seront inférieures aux volumes nécessaires, notamment pour le Lithium, et dans une moindre mesure pour le Nickel. » explique l’entreprise Tiamat.
Pour en savoir plus sur les enjeux de la recherche et du développement, voici une conférence documentée.
Le projet NaCRe
Mecaware, producteur de métaux stratégiques recyclés à partir de déchets de batteries, et Tiamat, start-up pionnière dans la production de batteries sodium-ion (Na-ion), annoncent leur partenariat dans le cadre du projet « Procédé NaCRe » – Na (sodium) C (Circularité) des Re (Ressources). Ce projet de R&D, labellisé par le pôle de compétitivité Team2, vise à développer un procédé de recyclage spécifiquement adapté aux batteries sodium-ion, une nouvelle génération appelée à jouer un rôle majeur dans la transition énergétique. À terme, les deux entités aspirent à bâtir une filière complète allant de la production jusqu’au recyclage, au sein même de la gigafactory Tiamat.

Les batteries sodium-ion (ou Na-ion) sans lithium ni cobalt, issues de plus de dix ans de recherche menées notamment par le CNRS, ouvrent la voie à une alternative durable et souveraine aux solutions actuelles. Leur capacité de charge et de décharge rapide permet à la fois de délivrer l’énergie nécessaire en puissance et de se recharger en quelques minutes seulement, permettant d’adresser des besoins insatisfaits jusqu’alors par les technologies de référence. Leur faible risque d’incendie constitue en outre un atout majeur pour la sécurité des usages.
Tiamat prévoit de produire jusqu’à 1 million de batteries par an, dès 2027, marquant une étape décisive pour l’autonomie énergétique européenne. À terme, Tiamat envisage de produire 5GWh/an.
De son côté, Mecaware a développé une technologie de recyclage unique capable d’extraire et de réutiliser les métaux stratégiques contenus dans les déchets de batteries. Contrairement aux méthodes traditionnelles, son approche sans acide ni sulfate, garantit une solution propre et circulaire. Déjà validée sur les chimies NMC (nickel, manganèse, cobalt), sa technologie s’intègre directement dans des unités industrielles compactes, idéales pour recycler directement les rebuts de production des gigafactories.
« Le projet NaCRe porte l’ambition de bâtir une filière européenne souveraine, plus résiliente, compétitive et respectueuse de l’environnement. Aujourd’hui, nous avons pour ambition de valoriser les rebuts de production et futurs déchets des batteries Na-ion. Notre objectif est de contribuer à l’économie circulaire en réinjectant ces matériaux dans la fabrication de la matière active de cathode et dans la production de nouvelles cellules Na-ion » confie Arnaud Villers d’Arbouet, Président de Mecaware
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