Le rebond industriel est-il possible ?

Ces dernières années, l’État a enfin pris conscience du risque de désindustrialisation, notamment après les crises sanitaires et géopolitiques qui ont mis en lumière la dépendance aux importations. Oui, le rebond industriel est non seulement possible en France, mais il est déjà en cours et constitue une priorité forte du gouvernement. Cependant, il s’accompagne de défis importants.

Des signes encourageants

Comme une inversion de tendance, pour la première fois depuis longtemps, la France observe plus de créations que de disparitions de sites industriels entre 2015 et 2017, et cette tendance positive se maintient avec plus de 450 ouvertures nettes d’usines depuis 2022.

Il semble qu’il y ait une volonté politique forte. Au-delà des promesses électoralistes, La réindustrialisation est un objectif central du gouvernement français. Des plans d’investissement massifs, comme France 2030 (54 milliards d’euros sur 5 ans), visent à soutenir la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Des plans comme France Relance, ou encore la loi Industrie Verte, soutiennent aussi l’investissement, l’innovation et la réindustrialisation dans des secteurs stratégiques (batteries, hydrogène, semi-conducteurs, santé…).

On assiste à la mise en place de dispositifs ciblés comme l’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) « Rebond Industriel », qui accompagne des territoires et des entreprises dans leurs projets d’investissement, avec un soutien en ingénierie et en financement. Le programme « Territoires d’Industrie » labellise et accompagne des zones géographiques particulièrement propices au développement industriel.

Des projets concrets voient le jour : gigafactories dans les Hauts-de-France, relocalisation de certaines productions pharmaceutiques, nouvelles usines dans l’agroalimentaire ou le textile technique. La réindustrialisation se tourne vers les industries de haute technologie, la décarbonation, l’efficacité énergétique et les technologies vertes (batteries, pompes à chaleur, éoliennes, panneaux solaires, etc.), mais aussi le numérique, l’intelligence artificielle et la robotique. La crise de la Covid-19 a mis en lumière l’importance de maîtriser des filières stratégiques pour assurer l’autonomie et la résilience du pays (santé, énergie, alimentation, etc.).

De beaux défis à relever

Un défi majeur est la nécessité de former une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre aux besoins des industries modernes (numérique, automatisation, maintenance, robotique). La disponibilité de terrains et d’une énergie décarbonée à des coûts compétitifs sont des facteurs cruciaux.

Bien que des aides importantes soient disponibles, la mobilisation de l’épargne privée et un fléchage efficace des financements restent essentiels.

Il est important de renforcer la compétitivité globale des entreprises françaises et de développer un écosystème de fournisseurs et sous-traitants locaux pour une réindustrialisation durable.

Après deux années très dynamiques, 2024 a enregistré un solde net d’ouvertures d’usines moins élevé, ce qui nécessite une vigilance et une adaptation des politiques… et de la stabilité !

Malgré les efforts, la France reste un importateur net de nombreux produits industriels, ce qui souligne le chemin à parcourir pour inverser complètement la tendance.

Ce qui peut faire la différence

D’abord le verdissement de l’industrie : la France pourrait tirer parti de son mix électrique bas-carbone (nucléaire, renouvelables) pour attirer des productions plus respectueuses du climat, ce qui devient un argument compétitif dans un monde de plus en plus décarboné.

Ensuite l’innovation et la montée en gamme : développer des industries à haute valeur ajoutée, moins sensibles à la concurrence par les coûts, comme l’aéronautique, le luxe, ou des niches technologiques.

La politique européenne (subventions, taxe carbone aux frontières) peut rééquilibrer la concurrence avec les zones à bas coûts, mais cela ne doit être que provisoire. L’industrie, à l’instar de l’agriculture, ne peut pas vivre durablement sous perfusion.

Les boulets qui nous empêchent de décoller

Le coût du travail et de l’énergie, même s’ils sont atténués par des aides, restent plus élevés qu’en Europe de l’Est ou en Asie.

Les lourdeurs administratives et une complexité réglementaire peuvent décourager les investisseurs… il en est de même pour les politiques girouettes du « en même temps ». Les investissements sur le long terme aiment la stabilité et nécessitent une vision claire des réglementations.

Une pénurie de compétences industrielles : la formation et l’attractivité des métiers de l’industrie sont des défis majeurs. Il faut absolument que le gouvernement arrête de détricoter les dispositifs qui fonctionnent comme l’apprentissage (depuis hier 1er juillet il y a de nouvelles modalités de financement des formations : minoration de prise en charge, augmentation de participation pour l’employeur…).

En fin, il reste des difficultés d’accès au foncier adapté (zones industrielles équipées) et à certaines matières premières stratégiques.

11 entreprises primées dans le Territoire d’industrie Clermont Auvergne

Mardi 1er juillet, à l’occasion du comité de pilotage (COPIL) du Territoire d’industrie Clermont Arverne Industrie, s’est tenue la cérémonie de remise des trophées Rebond Industriel. Cet événement a mis à l’honneur 11 entreprises locales lauréates du dispositif national « Rebond industriel », pour la qualité et l’ambition de leurs projets d’investissement, avec une dotation de plus de 2 millions d’euros de subventions.

ACC M : expert en chaudronnerie et constructions métalliques, avec un savoir-faire reconnu dans la maintenance de matériels ferroviaires roulants.

Aumélec : entreprise de transformation métallurgique, elle met ses compétences au service de ses clients pour concevoir des pièces sur plan ou des ensembles complets.

Cocont : spécialisée dans le développement et la production d’alternatives végétales en accompagnant les groupes dans leur innovation alimentaire.

EMC Laser : entreprise spécialisée dans la découpe laser de tôles et tubes sur mesure.

ESPY : entreprise familiale, experte dans le décolletage et la micromécanique.

Green Corp Konnection (GCK) : groupe industriel spécialisé dans le développement, la conception et la fabrication de moyens de transport décarbonés.

ICA 63 : spécialiste en fabrication d’articles chaudronnés et soudés pour l’industrie aéronautique et spatiale.

Mecauv Industrie : spécialiste en usinage de précision mécanique et réalisation de machines spéciales.

Ositek : société innovante dans la fabrication et l’assemblage de produits mécaniques de précision pour le secteur industriel.

SIIB France : concepteur et fabricant de solutions de coffrage innovantes dans le secteur du bâtiment.

Up Découpe : née de l’association entre Tibeme et l’Atelier Médina, cette entreprise propose une offre innovante de découpe et de placage bois.

 

Il ne reste plus au gouvernement et à l’Europe que de se réformer en profondeur pour alléger les charges qui pèsent sur l’entrepreneuriat, développer une vraie politique de simplification des normes et des réglementations, bref de laisser les entreprises travailler, s’ils ne sont pas capables de les aider.

 


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Pierre-Edouard Laigo

Directeur et Rédacteur en Chef

Communicant qui aime marier des entreprises de la région


En BREF
  • Le square Beaupeyras, qui remplace le centre associatif de la Glacière à Clermont-Ferrand, sera inauguré le samedi 5 juillet à 11h
  • La nouvelle auberge de jeunesse de Clermont-Ferrand, 64 rue Auger (proche de l’hôpital Estaing) sera baptisé « Auberge de jeunesse Jacques Delors »
  • Suite à la fermeture d’Auchan nord, la ville de Clermont-Ferrand a décidé l’installation d’un marché alimentaire hebdomadaire les jeudis matin de 6h à 13h, sur le parking de l’ancienne médiathèque à Croix de Neyrat… à partir du 12 juin