« Un train peut en cacher un autre" pour les 10 ans du Panoramique des Dômes

Pour le dixième anniversaire du Panoramique des Dômes, le Conseil départemental du Puy-de-Dôme et TC Dôme ont conçu une exposition pour plonger le visiteur au cœur de l’aventure de la montée du puy de Dôme dans le hall Cassin du Conseil départemental, du 10 mars au 25 avril 2022, puis à la Maison de site du Panoramique des Dômes, du 26 mai au 31 décembre 2022.

Entouré par des photographies anciennes et actuelles, le visiteur suit le trajet tout en avançant dans le temps, passant du premier train à la route puis au Panoramique et à la préservation de la Chaîne des Puys. L’exposition propose également des objets venus du premier train et du Panoramique pour rendre palpable l’histoire d’une montée centenaire. La maquette ferroviaire unique au monde du premier train donne vie également aux témoignages et photographies du début du XXe siècle.

Un espace de projection propose de revivre la montée du puy de Dôme à travers les décennies et donne à voir d’autres photos et films, dont un très rare sur le premier train gravissant les pentes du volcan. Les étapes historiques…

Premières montées et premier train

Depuis l’Antiquité, les flancs du puy de Dôme sont le théâtre d’une intense activité. Une ancienne voie romaine permet de rejoindre l’impressionnant temple de Mercure, bâti au sommet. À partir de la fin du XIXe siècle, promeneurs et touristes gravissent le volcan en calèche jusqu’au col de Ceyssat, puis à pied ou à dos de mules par le célèbre « sentier des muletiers ».

Avec la construction de l’observatoire météorologique, sous l’impulsion d’Émile Alluard, les projets de montées mécanisées se multiplient. Il faut la persévérance et l’ingéniosité de Jean Claret pour mener à terme la construction du premier train de Clermont-Ferrand au sommet du puy de Dôme. En 1 h 45, grâce au système Hanscotte et à son rail central, les locomotives vapeurs avalent les forts pourcentages de la montée et transportent les touristes de la place Lamartine (Clermont-Ferrand) jusqu’aux ruines du temple de Mercure.

En ce début de XXe siècle, la prouesse technologique est saluée par tous et le succès commercial est indéniable : les excursionnistes viennent pour le puy de Dôme mais aussi pour prendre le train de Monsieur Claret. En revanche, cette première montée mécanisée ne s’embarrasse pas de considérations écologiques. Le tracé retenu vient marquer durablement le volcan ; les travaux charrient des milliers de tonnes de terre et de remblais.

Malgré le succès, le train du puy de Dôme s’avère une mauvaise affaire économique. Il ne circule qu’en période estivale et a une capacité d’accueil limitée du fait des fortes pentes à gravir. Surtout, inauguré en 1907, il doit cesser son activité pendant la première guerre mondiale. Les locomotives sont même réquisitionnées pour le front. Le matériel et les rails ne sont remis en circulation qu’en… 1923 !

La voiture commence sa percée et concurrence le train qui vit ses derniers mois sur le puy de Dôme et fait son dernier voyage en 1925.

Les années route

Dès 1925, Jean Claret fils teste les autobus pour monter au sommet. Il n’hésite pas à les faire rouler sur… les rails. Les essais sont concluants : tout en gardant le même itinéraire, les rails sont enlevés, la plateforme est élargie pour faire naître la route du puy de Dôme. Le péage est installé au pied du volcan et attend les premières voitures : la route ouvre à la circulation en 1927.

Même si elle reste fermée en hiver et que ses 12 % de pente sur 4,5 kilomètres impressionnent, le succès de fréquentation est au rendez-vous. L’essor de la voiture individuelle profite au promoteur de la montée routière. Le nombre de véhicules qui franchissent le péage et rallient le sommet ne cesse d’augmenter : 23 236 véhicules en 1953, 61 284 en 1965, 113 022 en 1983 et jusqu’à 118 415 en 1990 !

Mais le succès a aussi son versant sombre. Les parkings au sommet sont trop petits et, les jours de beau temps, on assiste à des embouteillages pour se garer. Surtout la route entraîne une sur-fréquentation qui nuit à l’environnement et au milieu naturel exceptionnel du puy de Dôme.

À partir de la fin des années 80, le Conseil départemental lance une réflexion pour préserver le site et limiter les dégradations qu’il subit. Il introduit les navettes à partir des années 90 et réaménage le sommet et le pied du volcan. Voitures et bus cohabitent pendant un temps, avant que seuls les cars soient autorisés à monter. Les premières années du XXe siècle sonnent le glas de la route du puy de Dôme qui ferme définitivement au public en 2010.

Le Conseil départemental réfléchit à une solution plus écologique pour mieux préserver le site, tout en permettant au plus grand nombre de profiter du volcan.

Objectif Panoramique

En 2007, le Département du Puy-de-Dôme vote le principe d’un train à crémaillère pour gravir le volcan. La réalisation et l’exploitation sont confiées aux groupes SNC-Lavalin et CDC Infrastructures. Le tracé vient se juxtaposer à la route existante et n’amène aucune empreinte supplémentaire sur la montagne. Les infrastructures et les bâtiments d’exploitation se fondent dans le paysage et redonnent toute sa majestuosité au volcan. La gare d’arrivée est même incrustée dans le volcan dont le sommet peut ainsi retrouver son modelé original.

En 2012, le Panoramique des Dômes effectue ses premiers trajets. Il gravit la pente à une vitesse moyenne de 24 km/h et rallie le sommet en 15 minutes. Le choix de la crémaillère et de l’alimentation électrique offre un équipement silencieux qui fournit lui-même près de la moitié de ses besoins en énergie. Avec son parcours circulaire, les rames proposent aux voyageurs des vues imprenables sur Clermont-Ferrand, toute la Chaîne des Puys et le massif du Sancy, hiver comme été puisque le nouveau train circule toute l’année !

Le succès ne se dément pas. Tout en améliorant la qualité environnementale du site, en 10 ans, le Panoramique des Dômes a transporté plus de 3 millions de voyageurs jusqu’au sommet.

Par sa configuration et son fonctionnement plus écologique, le Panoramique des Dômes met en avant la Chaîne des Puys et les paysages sur 360 degrés. Il a contribué et joué un rôle important dans la reconnaissance du volcan comme Grand Site de France. Il est aussi un atout pour l’inscription de la Chaîne des Puys – faille de Limagne comme Haut-lieu tectonique au patrimoine mondial de l’UNESCO.

En 2022, le panoramique souffle sa 10e bougie mais il invite surtout à contempler les 11000 ans du géant des Dômes pour lequel il a été construit.