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Le courrier des entreprises

Talent d’Auvergne : Bruno Pinard-Legry, Co-fondateur de l’association des interpreneurs

Bruno Pinard-Legry, co fondateur de l’association des interpreneurs, organisateur de ses webinaires, rédacteur de sa « semaine de l’interpreneur », c’est une vie d’engagement ! Dans cet entretien, il nous dit quelques-uns des enseignements qu’il en a tirés, et les projets qu’il a pour l’association.

Avant de diriger l’agence de développement de Vichy, vous vous êtes engagé pour la jeunesse en difficulté, vous avez été entrepreneur et un des pionniers français de la direction commerciale en temps partagé. Et vous êtes un navigateur au long cours. Qu’est-ce que cela révèle de vous ?

Je pense que mes expériences dans le scoutisme et les Maisons des jeunes m’ont aidées à comprendre très vite la richesse liée à la diversité et à l’efficacité de travailler en groupe. De ces expériences on touche très rapidement à la réalité de notre société et à ses inégalités et injustices.

Mes premiers emplois de moniteur-éducateur m’ont fait toucher du doigt le parcours de jeunes et de familles marginalisées par la santé, l’éducation, les rejets divers et les défaillances économiques. J’ai connu 3 expériences différentes dans ce domaine. 2 liées aux services de l’action sociale des préfectures et une dans le monde associatif. Des expériences très formatrices et révélatrices sur des approches radicalement différentes.

Pressé de quitter la région parisienne et les cités devenues, déjà, infréquentables, j’ai choisi l’Auvergne comme nouveau terrain de jeu et d’expérience. Une révélation sur des territoires ruraux et des petites villes pleines de vie et d’envies. Chaque idée devenait très vite un projet, des challenges en pagaille et toujours dans des collectifs, l’expérience de l’intégration. Tour à tour et souvent en même temps, loueur de chevaux pour des randonnées, commerçant en artisanat exotique, organisateur de foires et manifestations, commercial en vêtements professionnels… La multi activité est devenue mon carburant et au détour d’une remise en question professionnelle je découvre par le biais d’une formation à la CCI de Vichy le métier de “directeur commercial en temps partagé ». Très avant-gardiste cette formation qui s’adresse à des cadres de 50 ans en reconversion, accepte ma candidature alors que j’ai 30 ans. Malgré un accident de voiture et un autre d’avion, le canard est toujours vivant… et s’attaque à cette belle mission d’appui à des TPE et PME dans un cercle d’entrepreneurs amis et sur un même territoire. La confiance et le partage seront les deux fondamentaux de ces missions partagées.

Ces 11 mois à Vichy en formation me font découvrir et apprécier cette ville. Après avoir installé avec un autre collègue des bureaux à Vichy, je suis de plus en plus impressionné par sa réalité industrielle et économique. Une ville thermale qui cachait une forêt d’activités diverses et performantes.

Dans un challenge lié à la construction du plan de relance thermal en 1986, je me rapproche des dirigeants de la Compagnie Fermière de Vichy qui gère le thermalisme et surtout le projet qui la fera rester, ou pas.

Pour fédérer les troupes je suis en charge de monter une association d’entreprises. Elle s’appellera “Vichy Entreprendre” et rassemblera 45 entreprises employant un total de 6000 salariés. Des petites et des grosses dans tous les secteurs d’activités.

C’est cette association qui encourage le nouveau maire de Vichy, élu en 1989, Claude Malhuret, à créer la 3eme Agence de Développement locale en France (“Vichy développement” qui deviendra “Vichy Communauté Développement”). Cette “task force” militera pour le développement de l’intercommunalité et l’inter-consularité pour tenter de rassembler ce qui était très épars et nuisible tant à la lisibilité qu’à la cohérence des actions publiques ou privées. La ville de Vichy a su porter avec courage et constance une structure pour travailler à l’échelle du projet de territoire en devenir. L’Agence a accompagné toutes les structures intercommunales, du district au SIVU, du SIAD jusqu’à ce jour avec la Communauté d’Agglomération (Vichy Communauté). J’en ai assuré la direction depuis sa création jusqu’en 2017 date à laquelle j’ai proposé de confier cette direction à mon plus proche collaborateur, Romain Chaber.

Un slogan pour l’Agence de Développement qui dit tout : « FAIRE ENSEMBLE AUTREMENT »

Pour clarifier cette idée que je serai « un marin au long cours », il n’en est rien. Ma passion pour la photo peut parfois faire illusion… Toutefois il est vrai que j’ai besoin de la présence de l’eau pour me sentir bien (c’est le cas à VICHY !), et d’être sur un bateau pour goûter des repos souvent bien mérités et me rappeler que le plaisir, l’humilité et la solidarité se trouvent aussi et souvent sur les bateaux aux équipages bien composés.

 Apprendre à naviguer en milieu naturellement hostile est aussi très formateur !

Et l’aventure de l’Agence de Développement de Vichy ? Une Agence de Développement territoriale n’est-ce pas un concept d’avenir ? Le fameux moteur de la « créativité en écosystème » ? Le fer de lance de la « re localisation » ? L’arme anti-crise et anti covid ? Quels enseignements en tirez-vous ?

Les Agences de Développement ont vocation à travailler dans une logique de fédération des énergies et des acteurs engagés sur leur territoire. C’est souvent l’occasion de composer des écosystèmes très originaux alliant le monde économique, associatif, universitaire, institutionnel et politique. Chacun prenant en compte le projet de territoire, ou le formalisant. Un territoire fédéré et organisé est toujours plus attractif qu’un territoire composé de « chapelles » isolées ou antagonistes. C’est d’autant plus d’actualité aujourd’hui alors qu’on encourage le travail collaboratif, l’intelligence collective et l’engagement citoyen. Les territoires regorgent de talents ; il faut savoir les fédérer sans les brider, ni les manipuler. C’est la qualité du projet de territoire qui permet à chacun de savoir comment s’y inscrire et lui donner sens et réalité. Le double besoin de proximité et d’ouverture est dans l’ADN des Agences. Elles ont vocation à révéler les richesses locales, en faire des arguments d’attractivité, accompagner les entreprises existantes comme les nouvelles créations mais aussi à anticiper les mutations économiques qui ne manquent pas, de même qu’accompagner les entreprises en difficultés pour atténuer les effets sur l’emploi mais aussi sur l’écosystème auquel ces entreprises et structures appartiennent.

L’écosystème économique d’un territoire est une organisation fragile qui nécessite une vraie vision sur ce qui ne doit en aucun cas disparaître, ou impérativement s’adapter pour maintenir son niveau de performance nécessaire afin d’appréhender l’avenir et ses évolutions.

Relocalisation : une entreprise en accord avec son territoire en deviendra plus militante. Elle saura alors préciser les opportunités existantes en matière de relocalisation. C’est néanmoins au territoire, sous l’angle politique d’afficher l’ambition, et à l’écosystème sous l’angle accueil et synergies de réussir ces challenges.

L’arme anti-crise est en chacun d’entre nous, si nous savons nous épauler, nous soutenir et réagir ensemble nous limiterons nos vulnérabilités. Le Covid est un avertissement de perturbations présentes et à venir et un accélérateur d’alternatives qui peuvent impacter durablement les habitudes et les activités. La résilience collective sur les territoires va encore accentuer des tendances et rebattre les cartes de l’attractivité. « Il vaut toujours mieux faire envie que pitié », il appartient à tous de « ne pas cracher dans la soupe » car nous devrons ensemble la manger et la faire partager.

Cette période inédite doit occasionner une créativité sans précédent, une réactivité réelle, une solidarité à tous les niveaux et développer de nouvelles approches en termes de concertation, management, gouvernance et responsabilités. La notion « d’acceptabilité » a pris une place centrale dans les choix souhaitables et les choix possibles. Elle induit plus que jamais une pédagogie qui va au-delà des simples cercles d’initiés…

Il faut reconquérir des espaces de communication sincères et responsables. Il faut passer plus de temps à chercher des solutions que des coupables.

Nous avons connu des crises financières et économique, nous vivons une crise sanitaire majeure, nous aurons des crises climatiques à coup sûr. Il est urgent d’éviter et résister aux crises de confiance, ce sont elles qui tuent le plus les envies, les initiatives, et l’envie de s’impliquer.

La « semaine de l’Interpreneur », c’est vous. Pourquoi cette revue de presse ? Comment choisissez-vous ses titres ?

Derrière chaque article un message, une conséquence, un signal faible ou fort, une relativisation des situations, des pistes d’espoir, des références d’acteurs ou de territoires. Cette revue de presse essaye de garder une approche la plus ouverte possible. Elle permet surtout de découvrir parfois des sources nouvelles d’informations en phase avec le besoin des lecteurs. 

Vous êtes aux commandes des webinaires de l’association. Quel est le programme ? Que voulez-vous qu’ils apportent à l’entrepreneur ?

J’aime l’idée du “témoin qui témoigne”, les histoires vraies et qui peuvent servir aux autres. A priori destiné à des dirigeants ou des acteurs des écosystèmes territoriaux, je compte aussi sur le replay pour servir à des étudiants et aux gens en formation pour appréhender ces réalités et ces expériences. C’est aussi pour des élus en charge du développement de trouver quelques approches issues du terrain.

Et l’association, elle-même, comment voyez-vous son avenir ?

« L’association » est issue d’un travail en commun avec Christophe Faurie. Ce travail a commencé dans la coécriture du “Manuel d’Interpreneuriat.”

Elle s’organise au fil du temps et des rencontres de gens passionnés, comme nous, du partage d’expérience et de l’assistance aux structures et aux territoires. C’est aussi une question de feeling et du plaisir de travailler ensemble.

Volontairement structurée a minima elle trouve sa forme non pas dans un dogme mais dans une dynamique collective qui doit rester ouverte encore quelques temps pour ne pas être « utilisée », par quelques-uns, avant d’avoir beaucoup servi à un nombre significatif d’acteurs et d’entrepreneurs.

Elle a besoin de trouver ses relais territoriaux pour pouvoir couvrir le maximum de réalités territoriales.

« Qui se ressemble s’assemble »… l’appel est lancé aux volontaires pour rejoindre l’aventure et finir de construire le devenir de cette organisation !

Je pense que cette association sera un succès de co-branding, de coproduction, de volontés et intérêts croisés. Sa vocation est peut-être la pièce manquante d’un puzzle…

L’Association des Interpreneurs  est aussi une auberge espagnole…

 

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Pierre-Edouard Laigo

Rédacteur en Chef
pierre-edouard.laigo@lecourrierdesentreprises.fr
port. 06 59 056 026

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