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Black Friday, le miroir aux alouettes

La journée de la surconsommation est annoncée pour le vendredi 25 novembre. L’évènement commercial made in USA marque traditionnellement le coup d’envoi de la période les achats des fêtes de fin d’année à un mois de Noël. Mais cette importation outre-Atlantique est-elle favorable à notre économie ? et aux consommateurs ?

Après Thanksgiving, le thanks buying

Le vendredi qui suit Thanksgiving, l’action de grâce évoquant les remerciements des survivants du Mayflower, est devenu depuis les années 50 le jour le plus lucratif aux États-Unis d’Amérique. L’origine de l’expression Black Friday désigne le jour de congé qui provoque des bouchons importants lors de la ruée vers les magasins et qui permet d’écrire à l’encre noir, et plus rouge (donc des chiffres positifs), dans les livres comptables des commerces.

En France l’essor des ventes sur l’Internet depuis une dizaine d’années voit l’apparition du Black Friday, mais il n’est plus question de bouchons sur les routes ni de ruée vers les magasins. Timidement au début, l’engouement pour cet « évènement » augmente chaque année : les recherches sur Google doublent depuis 2016, surtout pour les produits électroniques, la mode et l’univers de la maison.

La génération Z sur les startingblocks

Les 15-25 ans ont déjà noté la date sur leurs smartphones : neuf sur dix déclarent faire des achats à cette occasion (92%) et avec une dépense moyenne de 192€. Près de trois jeunes sur quatre (71%) profitent du Black Friday pour acheter des cadeaux de Noël à prix réduits… très majoritairement sur Internet (Étude OpinionWay pour Clearpay)

Ristourne ou bidouille ?

L’association UFC-Que choisir examine depuis toujours les pratiques commerciales et dénonce chaque année le Black Friday sur la réalité des « ristournes » proposées. Elle considère qu’à partir de 20% de rabais, c’est une réduction intéressante pour le consommateur. Dans son étude de 2017 elle pointe par type de produit le pourcentage des offres qui remplissent ce minimum.

Pour les smartphones, 1.3% des offres sur Internet ont une ristourne de 20% et plus, 0.5% des offres de tablettes, 0.7% de celles des PC portables.

A l’approche de la coupe du monde de football vous voulez attendre le 25 novembre pour changer de téléviseur et profiter d’un bon rabais estampillé « Black Friday » ? Alors cherchez bien car en général seulement 2% des offres sur Internet sont des réelles remises dignes d’intérêt.

La DGCCRF vous invite à la prudence

La Direction de la Concurrence, de la Consommation et des Fraudes rappelle quelques règles de prudence : repérez et comparez en amont les prix des biens et services que vous désirez acheter pour vérifier la réalité des réductions de prix ; évitez les achats précipités, prenez le temps de vérifier les caractéristiques et modalités de vente du bien ou produit ; assurez-vous que les sites sur lesquels vous effectuez vos achats sont dignes de confiance (préférez les sites des distributeurs ou commerçants que vous connaissez), et attention aux frais de transport, de douanes, aux délais de livraison. Bien sûr assurez-vous que le paiement soit sécurisé.

A qui profite le Black Friday ?

Même si les grandes enseignes Française de distribution se sont engouffrées dans la brèche du Black Friday, toujours friandes de nouvelles messes de la consommation (j’ai failli écrire « con-sommation »), le grand gagnant de l’opération est Amazon. Le géant américain du commerce en ligne et son patron Jeff Bezos gagnent en une journée plus de 2 milliards d’euros. A une plus petite échelle, le numéro un français du e-commerce non alimentaire Cdiscount constate une augmentation de 10 millions de visites sur son site avec un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros lors du Black Friday.

Black Friday, une opération à contre-courant

La furie commerciale de cette fin novembre a-t-elle de l’avenir ? Si l’on en croit les levées de bouclier qui surgissent de toute part : militants anti-Black Friday aux slogans rageurs (« Amazon, nous ne sommes pas des robots », « Arrêtez de saccager la planète », « souriez, c’est Black Friday »), opérations contradictoires comme Green Friday ou « Faites quelque chose » qui invite à ne rien acheter ce jour-là, la tendance semble être à la baisse.

Le Black Friday est parfois ressenti comme une insulte chez les courants qui prônent la sobriété, le recyclage, la consommation raisonnée.

En 2019, un amendement au projet de loi anti gaspillage est adopté en commission de l’Assemblée nationale, proposant d’intégrer la publicité du « Black Friday » aux « pratiques commerciales agressives » au nom de la lutte contre la « surconsommation ». L’Assemblée nationale s’est prononcée, le 9 décembre 2019, pour mieux lutter contre certaines publicités « trompeuses » du Black Friday, mais sans aller jusqu’à des interdictions…

Gardons les yeux ouverts pour ne pas tomber dans ce miroir aux alouettes, une technique de chasse utilisant des miroirs pour attirer les alouettes et autres petits oiseaux, des têtes de linotte certainement…

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Pierre-Edouard Laigo

Rédacteur en Chef
pierre-edouard.laigo@lecourrierdesentreprises.fr
port. 06 59 056 026

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