Le courrier des entreprises

Femmes Chefs d’Entreprises – Dress code et pouvoir : Evolution ou révolution ?

Participaient à cette table ronde Françoise Bardoux  1ére Présidente de la Cour d’appel de Riom et Lauréate  du prix FCE 2019, Sabine Blanc-Barbier Avocat au Barreau de Clermont-Ferrand, Quentin Flichy Styliste Modéliste et co-fondateur des sociétés « Gentille alouette » et « Atelier Blatin », Claire de La Forge Fondatrice et directrice du Cours Saint Louis, Agathe Trois Valets Directrice Générale de la société de transport Cellier-Chevalet.

Les robes d’avocats et magistrats

Françoise Bardoux  première présidente de la Cour d’appel de Riom Sabine Blanc-Barbier Avocat se lèvent aussi à l’aise que des mannequins professionnelles. Elles se livrent avec grâce et élégance à une séance d’habillage et d’explication autour de leur robes respectives. Nous découvrons avec étonnement que la robe de magistrat fait référence à l’habit des religieux, seuls autorisés autrefois à rendre la justice et que le nombre de boutons, 33 évoque l’âge du Christ. Elles précisent l’une et l’autre que leur robe, en séances, leur confère une autorité et constitue une protection qui leur permet de prendre du recul par rapport à leur client et d‘adopter une liberté d’expression absolue. Elles regrettent de concert ce mouvement croissant de désaffection des jeunes avocats et magistrat par rapport au port de la robe craignant que l’impartialité et l’autorité de la justice puissent en faire un peu les frais.

Les exigences du Dress Code au travail

Agathe Trois Valets précise que si le Dress Code au travail est rarement formalisé il n’en demeure pas moins très présent et peut faire l’objet de remarques désobligeantes quand il est transgressé. Elle témoigne cependant qu’il est beaucoup plus souple en région qu’à Paris tout en évoquant en avoir fait les frais dans le milieu de la haute couture. Aujourd’hui en tant que dirigeante elle se sent libre tout en veillant à avoir, en toutes circonstances, un maquillage et une coiffure irréprochables.

Le retour de l’uniforme à l’école

Claire de La Forge directrice du Cours Saint Louis explique que le choix de l’uniforme dans son école permet à chacun de ses élèves de se sentir sur un pied d’égalité avec les autres tout en permettant d’affirmer la diversité et la singularité de chacun.  Elle précise que l’uniforme n’est pas vécu comme une contrainte mais qu’au contraire que l’une des sanctions en vigueur consiste à priver un élève du port de l’uniforme.

Le lien entre l’habit et le pouvoir

Quentin Flichy rappelle que si « L’habit ne fait pas le moine », le code vestimentaire a eu une signification sociale importante. Il est le plus souvent une norme sociale non-écrite, tacite, mais toutes les sociétés humaines en comportent un qui est compris et adopté par ses membres. Il peut donner une indication du rang social, de la classe à laquelle la personne appartient, de son occupation (la blouse blanche des médecins, la robe noire des avocats ou l’uniforme militaire).

L’habillement, outre sa fonction de protection et de confort, à toujours comporté un message à forte portée sociale au service du pouvoir et de ceux qui gouvernent.

Le grand retour du sur-mesure

De tous temps, depuis que la couture existe, la création de vêtements et donc le sur-mesure est réalisée par les couturières de proximité à la morphologie du client.

Le déclin du sur-mesure est lié à l’apparition de la première machine à coudre attribuée à un tailleur français Stéphanois, Barthélemy Thimonnier qui dépose en 1830 le premier brevet d’une « mécanique à coudre ». Dans la foulée, avec l’expansion du Bon Marché, déferlent des séries de vêtements aux tailles standardisées, cela donne aux femmes aisées une grande liberté comparé aux longs essayages du sur-mesure.

Avec les premières machines à coudre industrielles au début du xxe siècle puis le développement du prêt-à-porter dans les années 1920-1930, les choses changent : l’image du couturier, un style établi, ou la marque prennent le dessus au détriment de la relation personnelle et locale.

C’est aux environs des années 2000, face à la standardisation des marques mondialisées de prêt-à-porter que réapparait le choix de retourner à l’authentique entrainant le retour du sur-mesure masculin.

Aujourd’hui nous sommes face à un paradoxe, d’une part l’habit a travers les siècles n’a cessé de se dépouiller de sa magnificence pour se simplifier et s’uniformiser et d’autre part chacun a de plus en plus besoin d’affirmer son individualité et sa propre singularité.

Face à se dilemme une seule solution mettre l’habit au service de la personnalité et de la singularité de celui qui le porte en l’ajustant au mieux à sa « raison d’être » en adoptant le « sur-mesure ».

La baisse significative des coûts de confection permet aujourd’hui de démocratiser l’accès au monde prestigieux et valorisant de la confection masculine « sur-mesure » et de concilier ainsi harmonieusement Dress code et pouvoir.

 

Un article de  Gilles Flichy,